
"I'm the best film director in the world...I'm not sure, but I just think I am."
Cannes 2009 - Conférence de presse pour "Antichrist" - Lars Von Trier veut couper court aux assauts des journalistes qui tentent de lui extirper une ébauche de prémices d'explications à propos de son dernier film. Et ça marche, hilarité générale. Le réalisateur danois n'a plus rien à prouver et se moque du pourquoi du comment, ni même de l'accueil de ses films - concernant le sulfureux Antichrist, il dit l'avoir réalisé non pour un public donné mais pour lui-même - sa thérapie.
Après Dancer in the dark (Palme d'or à Cannes en 2000), il réalise "Dogville" en 2003, début d'une trilogie (inachevée) sur l'Amérique. L'histoire, soutenue par une voix off, est divisée en 9 chapitres et commence ainsi:
Une belle fugitive, Grace (Nicole Kidman) est poursuivie par des gangsters, elle trouve refuge dans une commune isolée appelée Dogville. Encouragés par Tom (Paul Bettany), les habitants consentent à la cacher, en échange de quoi Grace accepte de travailler pour eux...
Encore une fois Lars Von Trier tire à boulet rouge sur les règles établies en matière de cinéma. Oubliés les décors, les murs se résument à des marquages à la craie sur le sol! L'environnement sonore et les variations de lumière sont là aussi pour nous donner l'impression d'un monde réel. Dogville ressemble à un huis clos sans en être un, peut-être pour nous rappeler que l'action se déroule dans une petite communauté où tout finit par se savoir et se répéter... Malgré 3 heures de film on s'ennuie pas. La réalisation est brutale et nerveuse grâce au tournage caméra au poing hérité du "Dogme95". Une sorte de profession de foi par laquelle Lars Von Trier a réécrit la manière de tourner un film afin de donner un caractère authentique à l'action.
Nicole Kidman aborde l'un de ses rôles les plus complexes et elle le fait d'une belle manière. Elle incarne Grace, une jeune femme fragile en apparence et mystérieuse, dont la présence à Dogville inquiète tout autant qu'elle fascine, et en premier lieu Tom l'un des habitants. Ce Tom n'est pas l'idiot du village. Bien au contraire, c'est un stratège à lui tout seul. il décide de placer Grace sous son aile, mais avant de le faire par amour ou par empathie, il le fait pour lui, par pur égoïsme. Grace est le petit grain de sable, l'élément pertubateur dans sa vie étriquée et monotone.
Alors oui il y a une histoire d'amour mais on l'oublie vite! Car Dogville, c'est d'abord le récit d'une lente descente aux enfers. Et si l'enfer est pavé de bonnes intentions, ici ce sont celles de Tom vis à vis de Grace qui entrainent la perdition de la jeune femme - au fil d'arrangements toujours plus immondes - subissant les pires humiliations.
Lars von trier nous emmène où il veut. Il questionne au sens premier - torture - l'être humain pour faire jaillir ses faiblesses et sa noirceur. Nous montre l'humanité dans toute sa laideur mais nous invite à prendre du recul, aidé par une voix off souvent ironique, jusqu'au dénouement final qui nous interpelle directement sur notre propre moralité.
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